1) Parler allemand... ou anglais
Même si ça me donne envie de trucider des chatons, plein de gens détestent la langue allemande (pour de mauvaises raisons). Bon, la bonne nouvelle, c'est qu'on peut parfaitement survivre à Berlin sans parler allemand, même si ça rend les procédures (recherche d'appartement et de boulot) plus compliquées. Si vous débarquez sans avoir connu la terreur des déclinaisons et des verbes irréguliers, sachez que vous trouverez des écoles de langue absolument partout. Etant donné l'afflux d'étrangers, vous trouverez toutes les formules imaginables, du tandem au crash-kurs pour businessmen. Lancez-vous !
2) Trouver le quartier idéal
Je vais schématiser volontairement mais : l'Est, c'est plus funky que l'Ouest, plus jeune, plus animé et moins cher. Pour les étudiants : Friedrichshain, pour les hipsters : Mitte, pour les bobos et les jeunes parents : Prenzlauer Berg, pour le côté cosmopolite : Kreutzberg, pour les nouveaux coins à la mode et pas chers : Wedding et Neuköln, pour mes parents : Savigny Platz, pour les Russes : Charlottenburg... Et je m'arrête là. Berlin fait huit fois la taille de Paris et comporte des forêts, des lacs, des maisons de banlieue autant que des buildings modernes. Demandez la lune, vous risquez de l'obtenir.
3) Se déplacer comme un ninja
... en achetant un vélo, de préférence d'occasion (aux puces du Mauer Park ou partout ailleurs). Les cartes de transport coûtent cher, ce qui est bien normal pour la superficie de la ville, alors si vous pouvez, roulez ! Berlin est plate et bien pourvue en pistes cyclables, les voitures et les piétons sont habitués aux vélos, c'est agréable ! En un mois de promenade et de cuisses musclées, vous aurez amorti votre investissement (si vous fouinez bien, vous trouverez votre Fahrrad à 40 euros, roues comprises). Sinon, à vous les U-Bahn (métro) et S-Bahn (RER), sans oublier les bus et les trams. A 2 euros 10 le billet, on se prend à regretter les heures de pointe parisiennes... N'oubliez pas les Kurzstrecke (trajets courts) quand vous allez à trois stations maximum, à 1 euros 30 vous faites déjà des économies !
4) Trouver un appartement
Le temps de vous poser, déjà, trouvez-vous une chouette auberge de jeunesse dans le quartier qui vous plaît. Ce n'est ni cher ni compliqué. Ensuite, vous noterez que les agences immobilières sont nettement plus rares qu'à Paris, et c'est normal vu que la plupart des gens passent par Internet, où le choix est énorme. Mon préféré -> http://www.immobilienscout24.de/de/finden/wohnen/index.jsp. J'ai toujours trouvé mes (sublimes) appartements en dix jours maximum, le temps de récupérer les clefs. On vous demandera rarement un CDI ou la garantie des parents, en revanche prévoyez une caution et, selon les annonces, des frais d'agence. Colocation se dit WG en allemand ("végué") : tapez sur Google et hosannah, plein de sites spécialisés vont apparaître. Ah, et n'oubliez pas de chercher uniquement des appartements avec "EBK" (cuisine équipée), sous peine de devoir manger des Curry Wurst (saucisses au curry) jusqu'à la fin des temps.
5) Faire son Anmeldung
Son quoi ? Anmeldung. C'est une procédure obligatoire qui servira ensuite à l'obtention de plein de papiers, et jusqu'à la carte de bibliothèque. En gros, ça permet de savoir à l'administration où vous habitez. Et si vous ne remplissez pas ce formulaire dans les deux semaines après votre emménagement, vous devrez payer votre première amende en territoire allemand ! L'inscription se fait en mairie et pour la traduction, ça se passe par là -> http://www.connexion-francaise.com/articles/anmeldung-linscription-obligatoire-en-mairie
6) Se meubler
Ramener toutes ses affaires depuis la France vous coûtera probablement plus cher qu'une bonne razzia sur place. Vous trouverez de nombreux magasins d'occasion, type Humana, pour vous dépanner. Ensuite, Berlin possède trois Ikea accessibles en métro, et pas mal de marques locales qui proposent des choses immondes. Pour ceux qui ont des sous, cherchez le Stilwerk de KantStrasse pour une grande surface consacrée au design.
7) Trouver un boulot
C'est là que ça se corse. A Berlin, non seulement le chômage est lourd mais le Smic n'existe pas : vous trouvez donc certes des coiffeurs pour 5 euros et des cocktails pour 3 euros, mais il faut voir l'envers du décor... Le mieux, c'est d'emmener son boulot dans sa valise avec soi. Trouver du télétravail en France et le faire depuis l'Allemagne : un salaire parisien pour vivre à la berlinoise, c'est jackpot ! Sinon, en route pour l'Arbeitsagentur et sa Job Börse (bourse du travail) -> http://jobboerse.arbeitsagentur.de/
Bon à savoir : les impôts sont prélevés à la source, et ça, c'est du bonheur.
8) S'occuper de sa santé
Si vous travaillez encore en France, demandez une carte européenne d'assurance-maladie. Si vous obtenez un contrat allemand, vous devrez choisir une compagnie d'assurances locale qui vous donnera une jolie carte (votre employeur vous aidera, la procédure est incompréhensible au commun des mortels). L'ambassade de France tient une liste des médecins / dentistes francophones à Berlin, ce qui est bien pratique.
9) Sortir comme un bon Français
Il existe un cinéma français, une bibliothèque française, des écoles françaises, des boîtes avec de la musique française, des librairies françaises, des dizaines de restaurants et bars typiques, de multiples associations et centres culturels, l'ambassade vous mettra en relation avec l'Alliance Française, vous trouverze une rue des Français avec des boutiques de luxe... bref, l'embarras du choix pour rester entre soi. Mais c'est de la triche. Par exemple, pour le cinéma, vous paufinerez votre anglais grâce aux programmes en version originale du Cinestar de Potsdamer Platz. Histoire d'avoir bonne conscience.
10) Sortir avec des Allemands
Voilà une autre paire de manches. Les Allemands sont des créatures réservées, qui ne comprennent pas notre propension à déclarer "best friend forever" quelqu'un qu'on vient de rencontrer. Face à ce singulier manque de convivialité méditerranéenne, il faudra s'armer de patience et respecter quelques règles de base : on tente d'arriver à l'heure à ses rendez-vous, on se rappelle que "rendez-vous" en allemand a un sens uniquement amoureux (à oublier pour le business), on ne souhaite jamais bon anniversaire à quelqu'un avant la date exacte (sinon ça porte malheur, donc aux soirées d'anniversaire, attendez minuit avant de donner les cadeaux ou même de mentionner pourquoi vous êtes là), et on ne drague pas dans la rue (d'ailleurs on drague de manière très subtile). Allez, courage !
Et quand vous serez bien installé, n'oubliez pas la dernière étape sans laquelle tout cela n'a aucun sens : commencer, en bon expatrié, à dire du mal de la France. Quand vous aurez apprécié l'absence de criminalité berlinoise et ses interminables brunchs en terrasse, ses plages nudistes et ses soirées délirantes, ça vous viendra tout seul !