Un bon producteur a mille et une qualités. En plus d’être patient, organisé et à l’écoute, c’est celui qui va représenter l’équipe créative, et faire le lien avec les autres membres de l’équipe de production et du lieu de représentation. C’est aussi lui qui peut superviser la gestion des sous (financement et dépenses) : il est donc primordial de bien choisir son producteur lors de la création de son spectacle.
Quartier-maître du Metteur en Scène
Si nous partons du principe que le metteur en scène est le capitaine du navire, le producteur est son second, son quartier-maître. ‘Jack of all trade’, homme à tout faire, il va s’assurer que le capitaine puisse œuvrer en toute tranquillité, et que l’équipage ne manque de rien pour accomplir sa tâche. Besoin d’un coach linguistique pour un acteur ? Organisation de l’emploi du temps de répétitions et des locaux ? Besoin d’engager un assistant pour le metteur en scène ? Besoin de trouver des fonds ?... Le producteur vient pour sauver la situation.
Quand il s’agit de devoir lever des fonds avec une campagne de financement participatif, le producteur va avoir le rôle primordial de s’assurer que rien ne va entraver le succès de l’opération. Avec le responsable marketing et/ou publicité, il va choisir le site le plus approprié (Ulule étant une excellente plateforme de financement pour les projets artistiques), superviser la rédaction de la page Ulule, s’assurer que les récompenses parviennent bien aux contributeurs, que le lien de la page projet est partagé régulièrement par la compagnie (si compagnie il y a) et les acteurs et autres personnes impliquées dans le spectacle, et enfin superviser l’évolution des dons pendant toute la durée de la campagne de financement. Cette position de contrôleur permet de s’assurer que le financement ne faiblisse pas, et de pouvoir intervenir et prendre des mesures si la progression se retrouvait dans une situation de plafonnement ou de diminution des dons.
En parlant de financement : le producteur est responsable de l’aboutissement du projet. Il a plus d’un tour dans sa poche, et s’il venait à se trouver au pied du mur, il trouverait une faille dans le système pour triompher. Dans le cadre d’un crowdfunding, il supervisera aussi la création de la vidéo de présentation. Peut-être même serait-il bon que le metteur en scène et le producteur apparaissent dans la vidéo pour montrer le RP du duo et l’artiste. Avoir une séquences de 30 secondes ou 1 minute maximum montrant la personne responsable de la gestion de l’entreprise artistique va permettre de créer un rapport de confiance entre le crowdfunder Ulule et le contributeur.
Néanmoins, créateurs et créatrices: pas de panique si ton équipe est petite, ou que tu n’as pas de producteur. J’explique ici l’ensemble des éléments rattachés à ce rôle. Que cela ne vous décourage pas. Si vous n’avez pas de producteur officiel, créez-vous une petite check-list des choses importantes à effectuer, et répartissez les tâches dans votre petite équipe.
Grand Vizir de la Production
Loin d’être un méchant Iznogood, le producteur doit cependant être plein de ressources avec génies, agents secrets, gadgets et informateurs toujours à portée de main. Pas question de devenir Calife à la place du Calife, le producteur profite juste de son influence et de ses connaissances artistiques pour faire grandir la production et permettre au projet d’aboutir d’une manière ou d’une autre. Cependant, comme il jongle entre création, vision artistique, financement et qu’il doit composer avec les autres humains qui contribuent au projet, il doit avant tout être extrêmement bien organisé et capable d’aider à trouver compromis et terrain d’entente dans l’équipe.
Garder un œil sur le budget et le financement (que ce soit un financement participatif ou un sponsoring ou une subvention) rend le producteur capable de juger de l’avancement du projet, et lui donne les connaissances concrètes nécessaires pour négocier en cas de problème. Par exemple : si le metteur en scène vient le voir en lui expliquant qu’il est vital d’avoir un canon à paillettes pour Acte 2, scène 3, mais que le budget ne le permet pas, le producteur pourra montrer par a+b au metteur en scène que ce n’est pas faisable pour cette fois. Seulement, si en effet il s’avérait que le canon à paillettes avait un rôle clef dans la production, alors il essaierait de voir comment il pourrait accommoder le metteur en scène, sachant que le canon à paillettes n’est pas un truc qui court les rues.
En parlant de paillettes… (ne cherchez pas de liaison logique, il n’y en a pas.)
Inspecteurs des travaux finis ou en cours
Enfin, le producteur est celui qui donne son aval sur le projet. Proche des investisseurs et des créatifs, il va parfois faire office de juge et peut trancher sur certaines décisions financières ou créatives s’il en voit la nécessité. C’est d’ailleurs pour cela que certains metteurs en scène de cinéma sortent une version alternative d’un film, s’ils jugent que leur vision a été desservie, ou qu’ils pensent que certaines scènes auraient pu être inclues à la version cinéma : pour ne citer personne, Peter Jackson et ses versions longues des Seigneurs des Anneaux et des adaptations du Hobbit, Ridley Scott et Terry Gilliam pour Blade Runner… La liste est longue ! La prochaine fois que vous irez voir un film, pensez donc à vérifier si le metteur en scène parle de la possibilité d’une « director’s cut », elles valent souvent le détour !
Bien sûr, au théâtre, il est difficile de sortir une version alternative de la pièce après sa période de représentation. D’où l’importance de l’entente et de l’écoute lors des conversations entre le créatif (metteur en scène) et le pragmatique (producteur). Le théâtre faisant partie des arts éphémères, il n’y aura pas de deuxième chance. Certes, si après la couturière, on remarque que la pièce est trop longue, certains gags ou scènes ne fonctionnent pas, alors pourquoi ne pas réviser le contenu du spectacle pour les représentations suivantes ? Mais cette opportunité n’est pas donnée à tous, et peut s’avérer être source de stress pour l’ensemble de l’équipe. Il est donc recommandé au producteur d’assister peut-être à quelques répétitions pour être sûr que le navire vogue bien, et non qu’il coule.
Bref, le bon producteur est efficace, prêt à réagir en cas de problème, à l’écoute et avec assez de contacts et d’ingéniosité pour assister le metteur en scène dans sa quête artistique. On l’aime parce qu’il le vaut bien.