Après avoir passé en revue les 5 pièces françaises que tout le monde devrait avoir lu, allons glaner chez nos collègues d’outre-manche de quoi parfaire notre culture théâtrale. Voici les 5 pièces anglaises que vous devez avoir lu.
La Tragique Histoire du docteur Faustus de Christopher Marlowe
Titre original :The Tragical History of Doctor Faustus
Résumé : Faust s’ennuie et s’apitoie sur son sort : il a réussi à apprendre et comprendre tout ce qu’il est possible d’apprendre, et se sent désormais frustré. Désireux d’atteindre un niveau de connaissance ultime, il s’attèle à l’apprentissage de la magie noire. Alors que l’autodidacte est à l’œuvre, Méphistophélès, un envoyé de Lucifer apparaît et lui propose de faire un pacte : pendant 24 ans, Méphistophélès sera à son service, et à l’issu de cette période, Lucifer viendra récupérer Faust pour l’emmener en Enfer. Faust accepte ce pacte désireux d’utiliser son associé démoniaque pour faire de grandes choses. Cependant, il passe ces 24 ans à lui demander d’accomplir des actes futiles pour assouvir des désirs et des pulsions, et maintenant l’heure du jugement approche.
Genre : Tragedie
Publication : 1588-1593
Pourquoi ? Inspirée du mythe germanique de Faust, Marlowe propose une tragédie élisabéthaine mêlant éléments tragiques et comiques pour satisfaire les foules. Certains spectateurs affirment que de véritables démons prirent possession de la scène pendant les représentations. Ce sont d’ailleurs toutes ces références bibliques et démoniaques qui attirent les foudres du clergé et d’une partie de la noblesse : personne ne devrait jouer avec le monde spirituel. Docteur Faustus est l’un des derniers écrits de Marlowe, qui après avoir été arrêté puis avoir esquivé un procès pour des raisons inconnues, meurt dix jours plus tard en 1593, poignardé par Ingam Frizer.
Hamlet de William Shakespeare
Titre original :The Tragedy of Hamlet, Prince of Denmark
Résumé : Après la mort de son père, roi du Danemark, Hamlet voit son oncle Claudius épouser sa mère et devenir roi. Une nuit, le spectre du défunt vient visiter Hamlet et lui révèle alors que Claudius l’a assassiné dans son sommeil. Pour mener à bien sa vengeance, Hamlet simule la folie. La cour pense que c’est son amour pour Ophélie qui le rend fou, mais l’étrangeté de son comportement est telle, que sa mère et le chambellan Polonius ne savent que penser. Claudius néanmoins se doute de quelque chose ; les propos d’Hamlet à son sujet le dérangent. Voyant Hamlet comme un danger, il décide de se débarrasser de son neveu.
Genre : Tragédie
Publication : 1603
Pourquoi ? Hamlet est sans nul doute la pièce la plus connue du barde. Et même si vous ne l’avez pas lu, vous en connaissez des images et des extraits : si je vous dis « être ou ne pas être, là est la question », « hélas, pauvre Yorick », que je vous parle du fantôme d’un roi assassiné en secret qui vient demander à son fils de le venger – c’est d’ici que vient cet archétype théâtral. Et aujourd’hui, il influence encore et toujours écrivains et scénaristes. Le Roi Lion de Disney est encore une énième version de Hamlet… avec plus de poils.
L’importance d’être Constant d’Oscar Wilde
Titre original :The Importance of being Earnest
Résumé : Algernon Moncrieff et son ami Jack Worthing réalisent un jour qu’ils utilisent tout deux la même technique pour échapper à leurs obligations sociales, familiales et professionnelles : un frère fauché et débauché vivant à Londres pour Jack, et un ami invalide et très souvent malade du nom de Bunbury à la campagne pour Algernon. Jack – sous le nom de Constant – demande Gwendolen, la belle cousine d’Algernon en mariage, mais la mère de celle-ci, Lady Bracknell, s’y oppose fermement. Il donne alors l’adresse de sa demeure campagnarde à Gwendolen pour qu’elle l’y rejoigne. Algernon, qui les espionne, prend note de l’adresse pour lui même s’y rendre. Sur place, il rencontre la pupille de Jack, une beauté du nom de Cecily. S’en suit un chassé-croisé de personnalités, d’espièglerie et de tour de force pour que l’amour puisse triompher.
Genre : Comédie
Publication : 1895
Pourquoi ? Pièce pleine de jeu de mots, de jeux d’esprit et de situations cocasses dignes d’une farce shakespearienne, L’importance d’être Constant est un autre triomphe pour Oscar Wilde qui en cette année 1895 va de victoire en victoire. Cependant, c’est aussi le dernier texte joué avant sa chute suite au procès de la marquise de Queensbury pour diffamation. Lady Queensbury et son mari méprisent Wilde car il est non seulement extrêmement talentueux, mais son art connaît aussi un réel succès grâce à sa critique la société mondaine de l’époque. Et pour couronner le tout, il est l’amant de leur fils, Lord Alfred Douglas. Après deux procès, Wilde fut envoyé en prison de 1895 à 1897. Une fois libéré, il s’enfuit pour Paris, où il décède en 1900. Il repose au Père Lachaise, et jusqu’à nos jours des hommes et des femmes s’amusent encore à couvrir sa tombe de baisers et de rouge à lèvres.
L’Homme et le Surhomme de George Bernard Shaw
Titre original :Man and Superman
Résumé : Ann Whitefield vient de perdre son père. Dans son testament, celui-ci demande à deux hommes Roebuck Ramsden et Jack Tanner de devenir les gardiens de sa fille : l’un est un vieil homme vénérable, l’autre un jeune révolutionnaire à tendance marxiste et anarchiste. Ann accepte ces deux hommes comme nouveaux parents, cependant Jack refuse le rôle et part pour l’Espagne – hors de question de rester près d’Ann. Elle a la fâcheuse manie de le lancer dans des discours, de questionner son jugement et ses idées, il veut rester célibataire et préfère donc s’enfuir. Mais Ann n’a pas dit son dernier mot.
Genre : Comédie satirique
Publication : 1903
Pourquoi ? Cette pièce est comparable à une réponse du type: "f*ck you". George Bernard Shaw en avait assez d’entendre les gens lui demander d’écrire une pièce sur le thème de Don Juan. Pour ne plus avoir à supporter critiques et soi-disant experts sur le sujet, Shaw écrit L’Homme et le Surhomme en 1903. Plus qu’une simple comédie de mœurs, il y aborde des thèmes profonds inspirés de Nietzsche sur l’homme, le surhomme, le rôle des femmes et l’impuissance de l’homme. Le troisième acte voit Don Juan attendre paisiblement son heure en Enfer tandis qu’une vieille femme approche. Don Juan réalise qu’il s’agit d’une de ses anciennes conquêtes Doña Anna, dont il a tué le père. Depuis le début de la pièce, nous savons que Tanner n’est pas le Don Juan de l’histoire – Ann, Doña Anna est le Don Juan qui le poursuit. Une pièce profondément drôle qui connut des débuts difficiles à cause de sa longueur. Rassurez-vous, Shaw l’a édité – les représentations actuelles ne durent plus 10 heures !
Trahisons de Harold Pinter
Titre original : Betrayal
Résumé : Emma, galeriste de profession, a entretenu pendant quatre ans une relation amoureuse avec Jerry, un agent littéraire. Jerry se trouve être le meilleur ami de Robert, éditeur et époux d’Emma. Emma ouvre la pièce en avouant à Jerry qu’elle a tout dit à son mari concernant son infidélité.
Genre : Drame
Publication : 1978
Pourquoi ? Harold Pinter prend le format et les rôles principaux d’un vaudeville, mais au lieu d’en faire une farce burlesque, il décide de prendre pour sujet les non-dits et le mal-être présent dans l’absence de communication. Cette réinvention du vaudeville a valu à Pinter de recevoir le prix Laurence Olivier pour Meilleure Pièce en 1979.